Vald revient avec Pandemonium, dont le titre annonce la couleur : le règne du chaos, du vacarme et des démons. Un disque saturé de bruit, de substances, de punchlines toxiques et de lucidité malade. Mais que dit Pandemonium, au fond ? Et surtout : que fait-il politiquement ?
Dans la tradition postmoderne, Vald ne propose pas de lecture claire du réel — il le vomit. Roche noire, 93 milliards ou Démon ne cherchent pas à ordonner le monde, mais à en montrer l’absurdité. Vald, c’est le bouffon du capitalisme tardif : conscient de faire partie du problème, mais incapable de s’en extraire. Il vend des tee-shirts, des casquettes, son image — et il le sait. Il n’y a pas de salut ici. Seulement des algorithmes, de la dopamine cassée, des clubs à 15 000€ la visite.
Vald aime faire mine de tout dire. Mais souvent, il joue sur l’ambiguïté pour mieux esquiver : quand il se dit “misogyne”, c’est à la fois une provocation et une confession, jamais une mise en cause. Il se victimise tout en restant dominant.
Le problème, ce n’est pas qu’il parle de sa dépression — Les échappés, Prozaczopixan, Roche noire touchent juste par moments. Le problème, c’est qu’il fait de sa léthargie une posture. Chez lui, la critique du monde sert souvent à ne rien changer, voire à se vautrer dans sa condition avec complaisance. Il rit de l’effondrement, il joue au parasite. Il veut “niquer les 1%” (Régulation) mais oublie que c’est toute la bourgeoisie — y compris lui — qui détient le pouvoir économique et médiatique.
C’est là que le bât blesse : Pandemonium ne sort jamais du cadre. Il en fait une fresque désenchantée, spectaculaire, toujours réinscrite dans le système qu’il prétend haïr. C’est un disque qui pense le capitalisme comme une fatalité intérieure, une maladie chronique.
En ce sens, Vald n’est pas un “poète maudit”, c’est un ancien dominé qui s’istre aujourd’hui comme une petite entreprise névrosée, qui n’en tire ni joie ni projet, seulement du contenu.