Basic Instinct est cousu de fil blanc certes, mais d'un fil de qualité exceptionnelle, de ceux qui nous ligotent à notre canapé et font de nous des victimes consentantes.
De ce fil aussi qui habille de blanc les femmes fatales, depuis Madeleine (Kim Novak) dans Vertigo jusqu'à Catherine qui en est l'héritière.
Car Basic Instinct, avec ses paysages californiens, ses faux semblants, ses blondes et ses brunes, vraies machiavéliques ou fausses innocentes, est bien entendu un hommage au grand Alfred, et à Vertigo en particulier.
Un Hitchcock qui aurait assouvi ses fantasmes sexuels, et ce dès la scène d'ouverture, électrochoc puissamment torride.
La case 'thriller érotique' est cependant trop exiguë pour ce film noir dans lequel décor et lumière jouent avec virtuosité leur rôle dans le nouement d'une intrigue qu'on n'a pas forcément envie de voir se dénouer.
Ainsi la Highway 1 serpentant au bord du précipice, les rues de San Francisco en montagnes russes ou les escaliers en spirale sont à l'image de ce qui se e dans la tête du pauvre Nick "Hutch" Curran, interprété par un Michael Douglas toujours parfait dans la peau du type pris au piège.
La lumière en taches mouvantes, s'insinuant au travers d'un store, reflet des vagues sur un mur ou de la pluie sur un pare-brise devient la présence immatérielle et liquide d'une menace ; la lumière agit comme une émanation du personnage fascinant de Catherine Tramell, à qui Sharon Stone prête son corps, mais surtout son regard hypnotique et inquiétant.
Verhoeven n'a pas pour autant réalisé une œuvre esthétisante.
Basic Instinct est aussi un bon vieux polar des années 1990, avec sa partie 'buddy movie' rassérénante (émouvant George Dzundza) ; un film où chaque plan, chaque élément de mise en scène se justifie par un scénario qui sait garder sa part de mystère tout en restant solide sur ses appuis.