Demolition Man
6.4
Demolition Man

Film de Marco Brambilla (1993)

Demolition Man par pierrick_D_

En 1996,la société américaine est en proie à une criminalité galopante.John Spartan,un flic extrêmement brutal et efficace,parvient à arrêter Simon Phoenix,le pire truand du pays,mais c'est au prix d'une sanglante bavure provoquant la mort d'une trentaine d'otages.Du coup les deux hommes sont condamnés à la cryogénisation.36 ans plus tard,en 2032 donc,Phoenix parvient à s'évader de son congélateur et s'empresse de commettre diverses infractions spectaculaires.Seulement le Monde a changé et est devenu un univers totalement aseptisé d'où la violence a été bannie.Par conséquent la police n'est plus habituée à gérer ce genre de cas.Totalement déée, elle ne trouve qu'une solution:libérer Spartan,le seul à pouvoir neutraliser le furieux.Produit par Joel Silver,le mogul de l'action déchaînée des années 80-90,ce film a longtemps été considéré comme une bourrinade parmi d'autres destinée à servir de véhicule à la star Stallone.Mais avec le recul il a pris un poids inattendu tant sa vision anticipative s'est révélée d'une acuité magistrale.C'est le premier long-métrage de l'Italien Marco Brambilla,qui n'a quasiment rien tourné ensuite,et c'est techniquement assez fruste.Quelques scènes d'action surnagent mais c'est dans l'ensemble plutôt limité.La photo charbonneuse d'Alex Thomson est médiocre mais le montage de Stuart Baird,qui era à la réalisation trois ans après avec "Ultime décision",reste cohérent.Ce qui fait l'intérêt de l'oeuvre est le scénario gonflé et inspiré signé Peter M. Lenkov,Robert Reneau et Daniel Waters,les auteurs s'ingéniant à décrire une société aussi mielleuse en apparence qu'autoritaire en réalité,dans la droite ligne du roman d'Aldous Huxley "Le meilleur des mondes",et qui trouve d'étranges échos dans la situation occidentale actuelle.Le script déborde en outre d'un humour insolent qui accompagne parfaitement cette descente en règle d'un wokisme avant l'heure.Dans cette Amérique stérilisée,dans tous les sens du terme,un gourou tout-puissant décide seul de la politique d'un pays où aucune aspérité ne doit apparaître.L'hygiénisme et l'empathie obligatoire règnent en maîtres et tout est interdit,tabac,alcool,viande,et le sexe n'est autorisé que s'il est virtuel.Les gens sont calmes,pacifiques et d'une exquise politesse,contrôlés qu'ils sont par ces caméras et ces machines omniprésentes,comme celles,hilarantes,qui débitent leurs message moralistes assortis d'une amende à payer chaque fois que quelqu'un profère une grossièreté à proximité d'elles.L'irruption de Phoenix et Spartan suscite évidemment un beau bordel dans cet univers bien réglé qui ne concerne par ailleurs que les citoyens d'un certain niveau social,les pauvres galérant pour survivre et étant cantonnés dans les égouts de la ville.Mais la révolte gronde car un leader s'est dressé parmi eux et commande des attentats qui inquiètent le Pouvoir.Les noms des personnages sont référentiels et ne doivent rien au hasard.Ainsi Spartan fait penser aux guerriers disciplinés de la Sparte antique,Phoenix est cet oiseau mythique renaissant de ses cendres,la jolie fliquette se nomme Lenina Huxley,comme Lénine et Aldous,le gourou,flanqué d'un conseiller efféminé, s'appelle Cocteau comme notre écrivain national,un policier est nommé Alfredo Garcia,ce qui évoque un fameux film de Peckinpah,et le leader révolutionnaire porte le patronyme de Friendly.De plus les répliques qui tuent fusent au fil de dialogues souvent désopilants.Ainsi entend-on Garcia s'exclamer "mais nous sommes des policiers,on n'est pas habitués à gérer cette violence!",ou encore Phoenix haranguer ses troupes en ces termes "ça va être facile,ils sont gouvernés par des pédales en robes de soirées!".Ceci dit,l'humour est bien dosé et respecte l'équilibre entre action violente et rigolade,on n'est pas dans une parodie.Au final ça se rapproche surtout d'oeuvres visionnaires style "Le meilleur des mondes","1984" ou "Soleil vert",twistées à la sauce bastonnade commerciale à la Sly.Sylvester Stallone est d'ailleurs fabuleux en flic paumé découvrant un monde qui a évolué sans lui et complètement changé.En perte de repères,il impose ses méthodes à l'ancienne et il a en vérité plus de points communs avec son vieil ennemi Phoenix qu'avec ces néo-humains formatés à bloc.Le gangster a les traits du formidable Wesley Snipes,qui a beaucoup joué les méchants du temps de sa gloire.Il interprète avec une évidente jubilation ce salopard sans scrupule qui piétine allègrement les règles débiles de cet univers trop timoré pour le contenir.Excellente performance d'une jeune Sandra Bullock en policière nostalgique des eighties qui craque visiblement pour Spartan et va l'aider sans réserve,n'hésitant pas à braver sa hiérarchie.Nigel Hawthorne est aussi très bon en vieux président à vie adepte du contrôle absolu,manipulateur et hypocrite à souhait.Benjamin Bratt,Bob Gunton et Bill Cobbs sont parfaits en flics déés,tout comme Denis Leary en Che Guevara de la zone.Glenn Shadix,homosexuel revendiqué,est impeccable en conseiller gay fayot et adipeux.Quelques noms connus ou ne l'étant pas encore occupent de petits rôles,il y a Jack Black,Rob Schneider,Craig Sheffer,également coproducteur du film,et l'ex catcheur Jesse Ventura qui comme par hasard s'était illustré dans l'US Navy dans une unité baptisée "Underwater Demolition Teams".

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le 12 mai 2025

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