Michel (Laurent Lucas), jeune père de famille vivant avec Claire (Mathilde Seigner) rencontre fortuitement Harry (Sergi Lopez) , un ancien camarade de classe qu'il ne reconnait pas tout de suite. Harry se souvient que Michel écrivait et lui demande s'il a persévéré dans cette voie. Michel finit par inviter Harry et sa fiancée Prune (Sophie Guillemin) ...
Après quelques courts métrages et avoir été assistant réalisateur (pour Laurent Cantet notamment) , Dominik Moll franchit le pas pour er au long .
Il commence à écrire seul le scénario puis fait appel à son ami Gilles Marchand pour peaufiner le tout.
Le film démarre presque comme une comédie avec ces 2 anciens copains qui se rencontrent avec leurs femmes, les petits problèmes familiaux etc... Puis au tiers du film ,cela commence à virer vers le thriller parce que le spectateur sent que Harry n'est pas "normal". J'irais même jusqu'à dire un sociopathe: il fait sympathique mais quand quelque chose ne lui plait pas , on voit son comportement changer ....
On pourrait se croire chez Hitchcock dans la construction avec ce suspens et cette tension qui monte peu à peu mais aussi à David Lynch avec ce personnage décalé inquiétant et une séquence onirique que je ne dévoilerai pas. Et même un peu aux Frères Coen (je pense surtout à "Barton Fink" où John Goodman parait sympathique mais finalement non...!).
Dominik Moll donne un côté subversif à son film et nous fait réfléchir parce que les remarques de Harry ne sont pas fausses, ce sont ses solutions qui posent problème (SPOIL: quelques meurtres ...!).
Le cinéaste nous parle de la vie de couple à travers les personnages Michel et Claire. Ils s'aiment mais s'engueulent parfois à cause des enfant qui peuvent crier par exemple.
Et c'est aussi un film qui nous questionne sur l'épanouissement personnel. SPOIL La preuve est qu'Harry tue ou veut tuer tous ceux qui se moquent des écrits de Michel ou qui s'incrustent trop comme ses parents.
Et par conséquent c'est également un long métrage sur la création. Comment Michel va finir par réécrire (c'est le fil conducteur de "Harry, un ami qui vous veut du bien). Vous le verrez en découvrant ce film...
Le casting est intéressant: Laurent Lucas fait un parfait père de famille qui essaie de tout faire pour contenter tout le monde, Mathilde Seigner étonne en femme pas si commode que cela et sort quelque peu de son registre habituel: dommage qu'elle n'ait pas persévéré dans cette voie parce que l'on peut voir qu'elle a un vrai talent (elle fut nommée comme meilleure second rôle féminin). Sophie Guillemin est épatante en brave fille toujours contente : elle est l'âme pure et innocente de ce quatuor. Elle sera nommée comme meilleure révélation féminine. Quant à Sergi Lopez, il est impérial avec sa bonhomie qui le rend d'emblée sympa mais qu'il va peu à peu faire basculer dans une folie meurtrière. Un de ses rôles les plus marquant qui lui vaudra le césar du meilleur acteur.
Dominik Moll recevra le césar du meilleur réalisateur : sa mise en scène est habile et il réussit à faire monter une tension crescendo avec des moments forts (SPOIL Harry qui crie au volant de sa voiture, les différents meurtres, l'achat de la voiture pour Michel qui est le premier élément perturbateur du film, et ce final ...).
"Harry, un ami qui vous veut du bien" fera sensation à Cannes même s'il repartit bredouille. Cela ne l'empêchera d'être le joli succès surprise de l'année avec quasiment 2 millions d'entrés grâce à un excellent bouche à oreilles aidés peut-être par une presse dithyrambique. Claude Chabrol en personne fera des éloges sur le film c'est dire sa qualité . Sans aucun un des meilleurs polars français des années 2000 et un des meilleurs premiers films français de l'histoire du cinéma.