Last Action Stallone

Samaritan (Le Samaritain en vf) n'a rien d'un film exceptionnel. Cela dit, ce n'est pas un mauvais film non plus. Il s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans la filmo du vieux Stallone, en mode Last Action Hero, et ceci en pleine fin de règne des super-héros cinématographiques. Dans une ville évoquant furieusement le Detroit déliquescent de Robocop, la crise économique fait rage. Les rues sont une poubelle à ciel ouvert, le taux de criminalité a explosé, la misère règne. Uen légende cependant y perdure, celle du Samaritain, un super-héros ayant disparu vingt-cinq ans auparavant lors d'un combat fratricide avec son jumeau, le super-vilain Nemesis. Tous deux morts lors d'une explosion, la rumeur, relayée par les médias, prétend pourtant que le Samaritain aurait survécu. Sam Cleary, un jeune garçon de treize ans, vit dans l'iration des exploits et de l'héroïsme du Samaritain. Un jour, alors qu'il est agressé dans son quartier, il est secouru par un vieux voisin taciturne qui, sans effort, envoie valdinguer ses assaillants à plusieurs mètres de lui. Persuadé que cet homme, Joe Smith, est le Samaritain, le jeune garçon essaie alors d'en savoir plus sur son mystérieux voisin. Au même moment, Cyrus, un chef de gang ayant grandi dans l'iration de Nemesis, projette de prendre la succession de son idole et de mettre la ville à feu et à sang.

Alors bien sûr, rien de franchement original dans ce pitch qui s'apparente à une énième variation sur le thème du super-héros. On pourra même dire que le film se regarde sans rester vraiment mémorable. Trois choses sauvent néanmoins le film de la médiocrité : sa direction artistique, par moment plutôt inspirée, son contexte de crise économique qui extrapole sur la réalité actuelle (chômage en pagaille, criminalité en hausse, individualisme exacerbé, pollution) et lorgne sur la Gotham de Joker et de The Batman, et son sous-texte ciblant les jeunes générations. Le propos tourne autour du sempiternel choix entre l'abnégation à faire le bien et la facilité de faire le mal. Dans sa manière d'hésiter entre son iration pour le Samaritain et sa volonté de faire ses preuves dans la rue en volant et en intégrant un gang, le petit Sam représente sans surprise la jeunesse cherchant l'intégration aux autres et se retrouvant aux prises avec ses influences. Le personnage du méchant, Cyrus, n'en est d'ailleurs qu'une projection adulte qui aurait mal tourné.

Dans le rôle du petit Sam, Javon Walton nous ferait presque penser à Danny Madigan (d'autant plus qu'il a une mère célibataire qui travaille de nuit comme infirmière). Pilou Asbaek, lui, donne assez d'ambivalence à son méchant, même si son interprétation frise parfois le cabotinage. Quant à Stallone, il reste égal à lui-même, aussi charismatique qu'attachant.

Reste le problème de ce twist final, qui n'en est pas vraiment un puisqu'on le voit venir une heure avant. L'idée n'en reste pas moins bien trouvée et suffit, non seulement à donner plus de profondeur à son "héros", mais à distinguer Samaritan de la floppée d'autres films du genre. Alors oui, Samaritan n'a rien de génial non. Mais franchement, il existe une bonne dizaine de marvelleries qui volent bien moins haut.