Il y a un petit côté matriciel dans "Return of the Secaucus Seven", sans même chercher à l'affilier au film de Lawrence Kasdan sorti 3-4 ans plus tard en 1983, "Les Copains d'abord" (The Big Chill, un film qui a davantage souffert de l'épreuve du temps à mes yeux), auquel il est souvent comparé.
Pendant longtemps on ne voit pas vraiment où John Sayles veut en venir, avec ses situations composées à 99% de dialogues touffus et dynamiques, encapsulées dans un grain particulièrement daté — les années 80 sont déjà là, manifestement. Peu à peu, pourtant, le portrait d'un désenchantement se dévoile et délivre par surprise tout son venin mélancolique. Le mouvement d'ensemble me paraît à ce titre beaucoup plus authentique et sincère que le film de Kasdan, en dépit de l'absence ici de tête connue, de budget conséquent, ou de marque de bon goût. "Return of the Secaucus Seven" est simplement un film à l'arrière-goût triste, racontant la vie de personnes lambda, qui ont subi une sorte de coup du sort existentiel un peu trop tôt. Ils n'ont qu'une trentaine d'années et on a l'impression que leur réunion produit l'effet d'un retour de bâton digne des rancœurs qui ont macéré toute une vie et qui ressurgissent à l'orée de la cinquantaine.
Un film presque anecdotique mais présentant tout de même une certaine complexité des sentiments, ceux des jeunes adultes qui examinent leur vie à l'aune de leurs rêves adolescents. Forcément, ça pique un peu. La distance qui s'est constituée entre les anciens amis, et qu'on ne peut que constater en toute impuissance, même si elle n'est pas toujours explicitée, procure une amertume tenace, pudique, pessimiste.