Drame rural tourné avec des inconnus, premier long-métrage de sa réalisatrice : "Vingt Dieux" se destinait a priori à une relative obscurité. Et pourtant, bien accueilli par la presse, il fut aussi un joli succès public de la fin 2024, flirtant avec le million d'entrées !
Le début est pourtant rustre. Totone, 18 ans, est un véritable beauf bon à rien, vivant au crochet de son père producteur de fromage au fin fond du Jura. Jusqu'au jour où celui-ci décède brutalement. Totone va devoir se sortir les doigts du derrière, pour gagner sa croute et gérer sa petite soeur. L'idée va lui venir de produire son propre Comté, pour tenter de remporter une médaille...
Louise Courvoisier dresse un portrait rural qui sent le vécu et l'authenticité, sans tomber dans les clichés ou la moquerie. La fabrication du Comté, bien documentée, sera au centre de ce récit. Servant à la fois d'éloge du fromage, des métiers associés... et de parallèle avec la maturation de notre protagoniste.
L'ensemble s'avère aussi sérieux que poétique. Evoquant, détails à l'appui, la dureté du métier d'éleveur, et l'entre-soi de la campagne. Mais également les émois inattendus entre le héros et une productrice de lait.
Je soulignerai l'excellente distribution, composée pourtant d'acteurs débutants ou non professionnels. On y trouve des seconds rôles avec les têtes de l'emploi (embauchés j'imagine dans le Jura, au vu des accents ?). Et surtout Clément Faveau et Maïwène Barthelemy.
Lui parvient à incarner cette tête à claque qui va rapidement attirer notre attention et notre sympathie, malgré sa naïveté et des choix pas toujours heureux. Elle est criante de naturelle en éleveuse du cru très directe. Pour l'anecdote, Maïwène Barthelemy fut engagée alors qu'elle était en BTS production animale, ce qui explique sa facilité avec les bêtes !
Un beau film.