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On aurait voulu s’y accrocher — à une voix, à un souffle, à quelque chose qui dée le simple constat. Mais tout est là, écrasé d’avance. Jeunes mères, c’est un film qui semble se regarder pleurer, qui presse l’âme comme une éponge usée en quête de comion tiède. Jean-Pierre et Luc Dardenne savent filmer la détresse, nul doute là-dessus, mais cette fois, le vertige est forcé, les silences bavards, les regards chargés de détresse comme si le monde entier ne tenait plus qu’à une ficelle molle. Une jeune femme, trop jeune sans doute, accouche dans l’ombre sociale, et autour d’elle, tout se rétracte. Pas de miracle, juste la survie, le jour après l’autre. Encore. Toujours.
Il y a ce gris persistant, cette texture rugueuse qui a fait la patte des Dardenne — caméra à l’épaule, visages écorchés, durée suspendue à rien — mais ici, l’authenticité finit par suinter l’artifice. Chaque plan semble hurler “regarde comme c’est dur”, comme si le cinéma devait justifier sa gravité en multipliant les larmes. On ne doute pas un instant que la réalité montrée existe — le problème, c’est qu’elle est mise en scène avec une insistance telle qu’elle semble parfois trahir ce qu’elle veut défendre. Les actrices tiennent, oui, surtout la jeune protagoniste (trop jeune, là encore), le corps affaissé, les gestes incertains. Mais l’émotion finit par tourner à vide, comme une plainte trop souvent répétée pour encore vibrer juste.
Il y a quelque chose de curieusement plat dans cette abondance de souf. Le pathos, ici, ne surgit pas : il s’installe, pèse, s’étale, jusqu’à tout engluer. Et cette esthétique du dénuement, si forte chez les Dardenne quand elle s’ancre dans la pudeur, semble ici tourner à l’épuisement — une manière de cre encore et encore la même veine sociale jusqu’à la rendre stérile. On comprend le geste, mais il nous lasse. On devine l’intention, mais elle se noie.
Jeunes mères ne triche pas, non — mais il insiste. Et ce trop-plein d’humanité broyée finit par perdre le spectateur : pas d’ouverture, pas de mouvement, juste la répétition des douleurs dans un huis clos sans air. Ce n’est pas un film malhonnête. C’est un film qui s’oublie dans son propre cri.