La Petite Dernière est le quatrième long métrage de la talentueuse Hafsia Herzi, adaptation sensible de l'autofiction de Fatima Daas. On y suit une lycéenne de 17 ans, banlieusarde, musulmane pratiquante, et en e de découvrir son attirance pour les femmes.
C'est un film qui a été très bien accueillie à Cannes, primée de la Queer Palm et offrant à son actrice principale Nadia Melliti le prix d'interprétation féminine pour son premier rôle au cinéma. Il est vrai que La Petite Dernière a le mérite d'aborder un sujet longtemps ignoré sur le grand écran et de le faire avec brio. Hafsia Herzi confirme ses talents de réalisatrice avec un scénario fluide et une mise en scène intimiste, tous deux servis par des plans d'une grande justesse. Les scènes les plus marquantes prennent pourtant place dans des décors ordinaires, notamment ce premier date Tinder dans la voiture au milieu d'un chantier, où Fatima découvre pour la première fois le sexe oral, dans son acception littérale.
La caméra de Hafsia Herzi réussit à capter toute l'intimité d'un personnage complexe sans jamais trahir sa pudeur. Le spectateur suit le cheminement intérieur d'une jeune fille qui cherche à concilier ce que tant voudraient opposer : la foi et le désir. Ici, la religion sert de décor, et les scènes de striptease coupées par un gros plan sur le minaret de la mosquée de Paris symbolisent le dilemme constant du personnage. Toute la force du film repose évidemment sur l'interprétation habitée de Nadia Melliti.
Si j'ai trouvé le film un peu long dans sa dernière saison (Printemps), il n'en reste pas moins bourgeonnant.