Il n'est pas étonnant que Valeur sentimentale ait touché le jury du 78e Festival de Cannes jusqu'à lui remettre le Grand Prix. Plus particulièrement sa présidente Juliette Binoche car le sixième long-métrage du réalisateur norvégien fait écho à son rôle dans Sils Maria d'Olivier Assayas. Joachim Trier imagine un jeu de miroirs sur la création et les liens souvent complexes, inextricables entre ceux et celles qui en font l'expérience. Des liens qui sont ici familiaux, entre deux sœurs et leur père qui revient après plusieurs années d'absence. Le film se déroule en grande partie dans une imposante demeure bourgeoise, devenant le théâtre d'une rivalité entre l'ainée qui est une comédienne en proie au doutes et son père, un cinéaste sur le déclin. Entres ces murs, se révèlent les non-dits, les amertumes, se défont certains jugements et s'entrouvre une possible voie d'apaisement et de réconciliation. Joachim Trier réalise un film intellectuel et théorique qui évoque l'œuvre du dramaturge Henrik Ibsen. De facture classique et précise, il manque peut-être un peu de déséquilibre pour que l'ensemble séduise entièrement. Nora (en 3 actes).